Ernécourt, Alberte-Barbe d’

Claude Deruet, Portrait équestre d'Alberte Barbe d'Ernécourt, dame de Saint-Balmont (1607-1660), vers 1630, Musée Carnavalet

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Curata da: Elena Ravera

DOI: 10.82065/008

Ultima modifica: 13/08/2025

Née au Château de Neuville-en-Verdunois de Simon II d’Ernécourt et de Marguerite Housse de Vatronville au sein d’une riche famille bourgeoise ayant fait fortune dans le commerce du cuir, Alberte-Barbe est l’unique héritière du patrimoine familial, son frère Nicolas étant disparu prématurément. Elle est principalement élevée par la sœur de son père, Madame d’Estrepis, qui la prépare à son ascension sociale en l’éduquant à l’économie domestique et à la culture humaniste, mais aussi bien aux arts de la chasse et de l’équitation. En 1624, à l’âge de seize ans, elle se marie avec Jean-Jacques de Haraucourt, seigneur de Saint-Baslemont, qui est commandant d’infanterie au service de Charles IV, duc de Lorraine. Le couple a deux enfants : un fils, mort à quatorze ans et dont le nom est inconnu (vers 1630-1644), et une fille, nommée Marie-Claude, qui épousera Louis des Armoises, seigneur de Jaulny et de Commercy. Alberte reste à Neuville-en-Verdunois lorsque son mari part en Allemagne au service du duc de Lorraine, engagé dans la Guerre de Trente ans, mais elle doit défendre ses propriétés contre les « ravages des soldats, tant français qu’étrangers, mais aussi [des] bandes des brigands qui profitaient de la guerre pour piller, violer et massacrer » (Les Jumeaux martyrs, éd. critique avec introd. et notes par Carmeta Abbott et Hannah Fournier, p. 15). Elle s’habille ainsi en vêtements masculins, assumant l’identité du “chevalier de Saint-Baslemont”, supposé être son beau-frère. Selon Vernon, elle participe à des combats au corps à corps, adoptant des tactiques militaires qu’elle avait apprises de son mari (L’Amazone chrestienne, ou Les avantures de Madame de S. Balmon, p. 20). Grâce à son tempérament valeureux et à son acuité d’esprit, elle créé une force de combat parmi ses locataires et réussit à maintenir un certain ordre sur le territoire de sa famille, en assurant la prospérité de ses terres. Ses exploits militaires sont documentés de manière détaillée par ses biographes ; Vernon, en particulier, affirme s’être appuyé sur des mémoires et sur les déclarations de plusieurs témoins oculaires. Claude Deruet, peintre à la cour du duc de Lorraine, a capturé l’exceptionnalité de cette femme guerrière dans deux portraits équestres, conservés actuellement au Musée des Beaux-Arts et au Musée Historique Lorrain de Nancy. Le 1644 est une annus horribilis pour Mme de Saint-Balmont : à quelques mois de distance, son fils meurt de peste, tandis que son mari est tué lors du combat de Mérode, dans l’actuelle Allemagne. La veuve se consacre alors à l’administration de ses territoires et aux plaisirs de l’écriture : elle compose probablement des livres de piété et motets pour le chœur de sa chapelle, ainsi que des pièces de théâtre, dont une seulement a survécu (Les Jumeaux martyrs, 1650). La guerre ayant pris fin, Henri de La Ferté-Senneterre, devenu gouverneur de Lorraine dans les années 1650, prend possession de sa maison. C’est à ce moment-là qu’elle se fait clarisse à Bar-le-Duc. Mais sa santé fragile ne résiste pas à la rigueur de la vie conventuelle : elle revient chez elle l’année suivante pour y mourir. Elle s’éteint le 22 mai 1660.