Vrai portrait de Marie de Valence. Image à la fin de l'apparat préfaciel du volume "Histoire de la vie et mœurs de Marie Tessonnière...". Au regard de l'incipit du texte.

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Curata da: Alessandra Ferraro

DOI: 10.82065/011

Ultima modifica: 26/08/2025

Marie est la cadette de quatre enfants d’une famille de commerçants de Valence. Elle est baptisée en 1576, à Soyon, à quelques lieues de Valence, selon le rite de l’église réformée qu’ont embrassée ses parents. Après le décès de son père, sa mère, Antoinette Blanchard, se remarie avec Antoine Guillon. Dès l’âge de six ou sept ans jusqu’à sa quinzième année, elle est atteinte d’une maladie qui l’affaiblit l’éloignant des occupations de l’enfance. À douze ans, en 1588, son beau-père la marie avec Matthieu Pouchelon, un notaire protestant de La Baume-Cornillane, avec lequel elle vit à partir de l’âge de quatorze ans. Ce dernier lui accorde la liberté de culte et, en particulier, la fréquentation de la messe. En effet, Marie est attirée dès son enfance par le catholicisme. En 1592 elle abjure le protestantisme ; Matthieu Pouchelon se convertit autour de 1595 et meurt en 1602. Elle fait un voeu de viduité et se consacre aux oeuvres pieuses et à la prière. À la recherche d’un guide spirituel, elle le trouve en la personne du jésuite Pierre Coton, le futur conseiller d’Henri IV, qui devient son confesseur, lors d’un passage à Valence. Coton reconnait en elle une vocation à la fois contemplative et apostolique. Il l’encourage à persévérer sur le chemin qu’elle avait entrepris. Il lui conseille d’apprendre à lire afin de mieux diffuser son action et son enseignement, et lui recommande pour cela un séjour prolongé chez les Ursulines de Valence — ce qu’elle fait. De ce passage au couvent, elle conserve un goût profond pour la lecture. Elle se met à lire la Bible, qui devient son livre de chevet, ainsi que de nombreux auteurs spirituels français et italiens. Jusqu’à sa mort en 1626, Coton reste en relation avec elle. Il la revoit en 1603, en 1618 et en 1624. Elle lui confie ses écrits personnels. De ces échanges subsiste, à la bibliothèque de Saint-Sulpice à Paris, un récit qu’elle lui adressa. L’influence spirituelle est réciproque. Il la sollicite à le rejoindre à Paris, mais Marie reste à Valence où elle vit, à partir de 1610, avec l’une de ses disciples, Marguerite Chambaud de Conches. À cause de l’éloignement du père Coton, elle prend comme confesseur le minime Louis de la Rivière qui deviendra son biographe. Elle entretient des relations avec Bérulle, Condren, Olier, Vincent de Paul, le chancelier de Marillac, Mgr de Maupas, premier aumônier d’Anne d’Autriche. François de Sales, s’entretient avec elle lors de son passage à Valence en 1622. Richelieu lui rend visite tandis que les deux reines, Marie de Médicis et Anne d’Autriche, la rencontrent à Valence et à Lyon où on la fait venir (1630). Marie demeura étroitement liée au monastère de la Visitation de Valence, récemment fondé. La tradition de Saint-Sulpice a conservé la mémoire de ses échanges avec Jean-Jacques Olier, qui lui rendit visite à Valence vers 1635. Elle le confirma alors dans son projet de réforme du clergé. Elle fut inhumée dans la petite église des Minimes à Valence (disparue depuis). Après sa mort, elle est l’objet d’une fervente vénération populaire. Bremond lui consacre une place importante dans son ouvrage.

Les récits de grâces, de miracles, de conversions, de prédictions et de visions sont extrêmement nombreux, en particulier dans la biographie rédigée par La Rivière. Cette profusion crée une atmosphère empreinte de mysticisme, fortement mise en avant par le biographe, alors que les manuscrits originaux, bien que très empreints d'affectivité, se révèlent nettement plus réservés. Ces écrits — qui appartiennent tous à la première phase de la vie spirituelle de Marie — permettent néanmoins de saisir certains aspects de son cheminement intérieur. L'influence du père Coton y apparaît clairement : primauté de l’amour pur pour Dieu seul, valorisation des grandes dévotions (notamment envers l’Eucharistie), et spiritualité de la servitude ou de l’“esclavage” par une abnégation totale de la volonté propre et de l’amour de soi. On y perçoit également, au-delà d’un certain ton proche de l’humanisme dévot, une simplicité et une spontanéité qui témoignent d’une véritable authenticité. Il est probable que Marie ait beaucoup écrit ou dicté, au gré de son inspiration et de sa ferveur.