Desmoulins, Antoinette/sœur Aldegonde Desmoulins

Curata da: Elena Ravera

DOI: 10.82065/052

Ultima modifica: 11/08/2025

Fille de l’artiste montois Jean Desmoulins et de Yolande (ou Hélaine) Hennault, Antoinette Desmoulins naît en 1611 à Mons. Bien qu’elle songe dès sa jeunesse à la vie monastique, elle n’entre en couvent qu’en 1640, prononçant ses vœux définitifs deux ans plus tard sous le nom de sœur Aldegonde : Charles de Neufforge de Warge, chanoine du chapitre liégeois de Saint-Denis chargé par le grand vicaire de l’évêque de Liège de rendre compte de la vocation de la postulante, écrit en effet dans le livre de l’Examen avant la vestition des filles : « Ayant eu la dite volonté passé environ douze ans, ce qu’avons signé tous deux ! » (Examen avant la vestition des filles…, archives des bénédictines de la Paix Notre-Dame). La fin de cette longue attente, dont on ne connaît pas les raisons, coïncide avec la fondation, en 1640, de l’abbaye de la Paix Notre-Dame de Liège, événement qui pousse probablement Antoinette à prendre le voile à la maison-mère de Liège, où elle vivra pendant cinquante ans et mourra, à l’âge de quatre-vingt-un ans, en 1692. À côté de sa vocation spirituelle, sœur Aldegonde se distingue par sa riche activité artistique : elle est écrivaine, dessinatrice, compositrice, peintre et architecte. C’est le nécrologe rédigé par son abbesse, dame Lambertine Counotte, qui nous restitue l’importance et l’hétérogénéité de son œuvre et de son « esprit universel » (Registre contenant la réception des filles et leur profession…, archives des bénédictines de la Paix Notre-Dame). Selon cette notice nécrologique, elle serait l’auteure de plusieurs vies de saints adressées à l’édification des pensionnaires de la communauté et d’écrits spirituels en vers, malheureusement disparus, ainsi que de nombreux travaux de broderie, de peinture sur bois, de calligraphie et d’enluminure des manuscrits, notamment un bréviaire qu’elle a réalisé avec ses consœurs, encore conservé par les bénédictines de Liège. Le Registre fait aussi mention de quelques compositions musicales écrites par sœur Aldegonde. Selon Joseph Demarteau (“L’église des bénédictines de Liège. Son architecte dame Aldegonde Desmoulins, poète wallon et miniaturiste (1640-1692), et son sculpteur Arnold du Honthoir”, p. 158-164), on peut également attribuer à Antoinette Desmoulins la création d’un texte pour le théâtre, dont des fragments ont été publiés en 1839 sur le deuxième volume du Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne. Cette pièce morale, écrite en vers mixtes français et wallons, aborde les thématiques de la tentation des plaisirs mondains et du sacré du mariage. Toutefois, sœur Aldegonde est aussi assez connue pour son activité d’architecte : elle a en effet conçu le plan de la nouvelle église abbatiale de la Paix Notre-Dame de Liège, pour laquelle elle a aussi dirigé les travaux débutés en 1680 et terminés dix ans plus tard.