Bréchard, Charlotte de/mère Jeanne-Charlotte

Curata da: Amandine Bonesso

DOI: 10.82065/089

Ultima modifica: 03/09/2025

Charlotte naît au château de Vellerot, en 1580, au sein d’une ancienne famille noble de Bourgogne. Son père, Jean de Bréchard, seigneur de Vellerot et de Saint-Pierre-en-Vaux, devient chevalier de l’Ordre du roi pour son service sous Henri IV. Sa mère, issue d’une famille de parlementaires, les de Machecop, meurt lorsque Charlotte, la dernière de dix enfants, n’a que 7-8 mois. Cette séparation prélude à une enfance qui se déroulera sous le signe de la maladie et de la souffrance. La petite n’a aucune consolation même en ce qui concerne son instruction. Son père la confie, tout d’abord, à une maîtresse qui ne lui apprend guère à lire ni à écrire ; puis, en 1592, il la met dans un couvent de bénédictines où on lui demande de faire le ménage au lieu de lui enseigner le catéchisme. Revenue chez elle, Charlotte se prépare toute seule à la première communion et commence à pratiquer des mortifications. Elle se sent attirée par la vie religieuse, mais son père la traite de folle lorsqu’elle lui découvre son désir d’entrer chez les clarisses. Quelques années plus tard, en 1607, elle songe à entrer au Carmel de Dijon grâce à l’entremise d’un franciscain et de Jeanne de Chantal, la future fondatrice de la Visitation. Au carême 1609, Charlotte entre chez les carmélites, mais elle est contrainte d’en sortir à cause de la fragilité de sa santé. Elle séjourne, alors, chez les ursulines et, ensuite, chez la baronne de Chantal qui lui fait rencontrer François de Sales. Ce prélat l’implique dans la fondation de la Visitation, de sorte qu’elle s’installe à Annecy, le 6 juin 1610, pour commencer son noviciat avec Jeanne de Chantal et Marie-Jacqueline Favre (1589-1637). Jeanne-Charlotte est mise, ensuite, à la direction du noviciat et parfois de la maison en l’absence de la mère de Chantal. En 1616, on la désigne pour aller fonder un monastère à Moulins ; elle en sera supérieure pendant les six années qu’elle y vit. Entre temps, en 1620, elle jette les bases de la communauté que l’on veut établir à Nevers. Trois années plus tard, à la suite de longs démêlés avec les consuls de la ville, elle fonde un couvent à Riom. Elle gouverne cette maison pendant neuf ans, de 1623 à 1629 et de 1632 à 1635. La mère de Chantal l’envoie en mission à Moulins, en octobre 1634, pour apaiser les consœurs troublées par la démission forcée de leur supérieure. La mère de Bréchard revient, ensuite, à Riom où elle décèdera en odeur de sainteté, le 18 novembre 1637. Jeanne-Charlotte reçoit constamment des marques d’estime pour ses vertus et ses compétences de la part des fondateurs de la Visitation, tel que le révèle la correspondance que les deux futurs saints lui adressent. On sait, d’ailleurs, que la moniale prend une part active dans l’élaboration des chapitres « De la pauvreté » et « Des récréations » des Constitutions et qu’elle compose souvent des cantiques spirituels à la demande de la mère de Chantal (Henri Bremond en cite un, « Pourquoi donner à mon âme », dans son Histoire littéraire du sentiment religieux en France […]). Cette supérieure l’incite également à prendre la plume pour narrer l’histoire de la fondation de son ordre et l’histoire de sa vocation. D’après Colette H. Winn, la mère de Bréchard serait également l’auteure d’un pamphlet proto-féministe publié sous le nom de Charlotte de Brachart, en 1604.