Ruelle, Élisabeth de la

Curata da: Giorgia Lo Nigro

DOI: 10.82065/012

Ultima modifica: 28/07/2025

Élisabeth de la Ruelle naît à Béthune vers 1605. Elle est élevée dans une famille aisée, où le père exerce le métier de marchand. Dès son enfance, ses parents lui dispensent une éducation religieuse, tout comme à ses quatre frères et sœurs. Le choix de ses deux frères de faire profession auprès de l’ordre des capucins, la décision de sa sœur de devenir bénédictine et de suivre strictement la règle de cet ordre, ainsi que sa propre volonté de devenir chartreuse, témoignent de l’importance accordée à la religion au sein de sa famille. En effet, seule l’une de ses sœurs se marie et mène sa vie de foi en tant que femme laïque. À l’âge de quatorze ans, Élisabeth entre à la Chartreuse du Mont-Sainte-Marie de Gosnay, où elle fait profession le 23 avril 1623. Le vicaire du monastère, dom Guillaume du Chèvre, reçoit régulièrement des aides financières du père de la moniale, ce qui montre la bienveillance, la générosité et la probité morale de la famille de la Ruelle envers l’ordre des chartreux. Selon Marie Marguerite de Brongniart, religieuse de Gosnay et consœur d’Élisabeth, lorsque dom du Chèvre expose les difficultés financières du monastère en affirmant « Seigneur, notre caisse est épuisée, nous demandons un prêt » (Le Vasseur 1890, 237), le père d’Élisabeth intervient immédiatement en allant chercher dans une armoire des fonds destinés à la reconstruction des murs de la chartreuse. Il remet ensuite la clé de ce meuble à dom Guillaume afin de lui permettre d’utiliser cet argent à sa guise. En d’autres occasions, le père de la religieuse se montre également disponible à aider les Chartreux. Au-delà de la générosité envers l’Église, dans laquelle Élisabeth est élevée et dont elle hérite de sa famille, la postérité se souvient d’elle pour d’autres qualités, tant spirituelles que physiques, telles que sa beauté intérieure et extérieure, sa culture et sa dévotion. Sa maîtrise du latin, qui se révèle durant ses oraisons, suscite l’admiration de Marie Marguerite de Brongniart. La connaissance approfondie de cet idiome lui permet, en outre, de proposer une traduction en français d’un guide spirituel rédigé par son vicaire, dom Guillaume du Chèvre. Au sein du monastère de Gosnay, la moniale est surnommée par ses consœurs « la Quaesitoria » des affaires spirituelles, car elle anime souvent des discussions sur les choses divines et s’intéresse à la théologie. Avec l’aide de Marie Marguerite de Brogniart, elle rassemble une abondante moisson des affaires des membres de la maison de Gosnay et devient ainsi l’une des premières investigatrices du monastère. Ce manuscrit, dont le titre demeure inconnu, a été perdu. Elle occupe longtemps la charge de cellérière et est nommée prieure en 1672. Elle observe strictement les Statuts et se consacre entièrement à son Époux. Pendant plusieurs années, elle fait preuve d’une grande force en endurant des souffrances corporelles atroces. Elle remercie toujours Dieu de l’avoir soumise à ces incommodités, car elles lui donnent l’opportunité de démontrer sa foi inébranlable et sa soumission à la Providence divine. Consumée par l’hydropisie et le cancer, elle meurt, consciente jusqu’à son dernier souffle, le 7 septembre 1675, veille de la Nativité de la Très Sainte Vierge, à presque soixante-dix ans, sous le vicariat de dom Bruno L’Aumosnier.