Griffon, Anne

Curata da: Giorgia Lo Nigro

DOI: 10.82065/015

Ultima modifica: 23/08/2025

Fille d’Anne Chaveton et de François Griffon, des bourgeois originaires d’Abbeville, Anne Griffon naît en 1581 dans le village d’Eu, en Normandie. Orpheline de bonne heure, elle passe son adolescence avec sa sœur, Marie Griffon, chez son oncle, commerçant d’étoffes à Abbeville. Elle fréquente des milieux mondains jusqu’à son entrée en religion, auprès de l’ordre cartusien, le 17 août 1601. Un jour, alors qu’elle est épuisée après une danse, son beau-frère, Pierre Waignart, lui adresse les paroles de Salomon : « vanité des vanités, tout est vanité ». C’est à ce moment-là qu’elle décide d’abandonner les plaisirs terrestres pour se consacrer pleinement à Dieu (Le Vasseur 1890). D’ailleurs, dès l’âge de sept ans, elle commence à ressentir l’appel divin et à orienter ses actions vers Dieu. À vingt et un ans, elle décide de rejoindre le monastère des Dames Chartreuses du Mont-Sainte-Marie de Gosnay, près de Béthune, en Artois. C’est dans ce lieu que, le 25 août 1602, elle prononce sa profession de foi devant Guillaume du Chèvre, son futur directeur de conscience. Le 4 juin 1606, elle est admise à la consécration des vierges par l’évêque Jean Richardot d’Arras. Pendant les deux premières années de son noviciat, elle est l’objet d’une série de rumeurs l’accusant de sorcellerie. Ces médisances sont propagées par une de ses proches, peut-être par Jacqueline Doresmieux, une moniale de la même chartreuse, qui connaît son passé mondain. Malgré cela, grâce à son courage et à sa détermination, elle parvient à démentir ces diffamations et à poursuivre son chemin spirituel au sein du couvent. La mère Griffon témoigne d’un esprit prophétique et de dons mystiques qui suscitent l’admiration et la curiosité des laïques de la région, de ses consœurs et même de sa mère prieure. Cette dernière lui demande, en 1620, d’écrire ses visions divines. Ainsi, pour prouver son obéissance et sa soumission envers ses supérieurs, elle devient l’auteure d’un journal intime spirituel assez volumineux. En raison de sa dévotion, de son humilité et de sa douceur, elle est nommée deux fois maîtresse des novices, ce qui lui permet de jouer un rôle de guide spirituel et d’exercer une influence remarquable sur les jeunes religieuses et séculières fréquentant le monastère de Gosnay. Sa sagesse et son esprit obéissant conduisent également à sa désignation en tant que coadjutrice ou cellérière et, ensuite, sous-prieure pendant douze ans. Elle mène une vie pieuse en chartreuse, souvent ravie en Dieu et sujette à des extases. Tout au long de son existence, elle est affligée par des maladies fréquentes qui lui causent des souffrances corporelles atroces, touchant surtout ses intestins. À cause de la guerre de Trente ans, qui oppose sa région à l’Espagne depuis 1635, sa communauté se réfugie à Béthune, où elle meurt dans la nuit du 13 au 14 janvier 1641, à l’âge de soixante-deux ans. Après son décès, sa figure fait l’objet de nombreux événements miraculeux, détaillés dans une enquête sur sa vie, menée par dom Bruno L’Aumosnier. Les habitants du lieu, les moines et les moniales de son ordre la décrivent tous comme une religieuse illuminée, dont la personnalité demeure entourée d’une aura de sainteté et de mystère.